’’ Musicienne, interprète, compositrice & performeuse, je suis depuis 2015 directrice artistique de la Compagnie LEIDESIS, compagnie que j’ai fondée afin de pouvoir mieux réaliser et structurer mes propres projets.
J’ai à cœur depuis toujours de fédérer une équipe autour de valeurs communes dans le but de confectionner des projets artistiques qui décloisonnent les genres, ouvrent des portes, en mettant l’accent sur le sens et ce à travers nos propositions artistiques - la musique que nous donnons à voir - mais aussi à travers nos actes et nos paroles.
La question de la place de l’individu au cœur d’une société à l’héritage colonial, son poids et ses conséquences, et d’une société patriarcale dont le processus est encore à l’œuvre et prenant encore le dessus sur l’égalité, m’apparaît effectivement essentielle.
Julia Robert est musicienne, compositrice et performeuse. Fondatrice de la compagnie Leidesis, elle développe depuis une dizaine d’années une approche artistique où son propre langage musical dialogue avec d’autres artistes, genres et dispositifs sonores. Alto et viole d’amour augmenté.e.s, chant ou performance sont, au cœur de ses créations, autant d’outils sensibles et vibratoires créant des passerelles vers d’autres formes artistiques.
Formée au CNSMD de Lyon, où elle se spécialise en musique contemporaine dans la classe de Christophe Desjardins, elle poursuit son parcours à la Hochschule für Musik Hanns Eisler de Berlin dans la classe de Friedemann Weigle (Quatuor Artémis), figure majeure du monde du quatuor à cordes, avant d’intégrer la classe d’improvisation du CNSMD de Paris. Cette formation nourrira durablement son approche expérimentale et sa recherche d’un langage musical singulier.
Dès 2015, elle forme le Quatuor IMPACT, dédié aux musiques nouvelles, et rejoint en 2017 l’O.N.C.E.I.M. (Orchestre National des Nouvelles Créations, Improvisations et Expérimentations). Au sein d’IMPACT, elle conçoit plusieurs projets explorant les liens entre le geste instrumental, le corps du musicien et celui de l’auditeur.ice. Les Automates de Descartes (2018) interroge ainsi la relation entre mouvement et interprétation, tandis que Cardinales (2019), en collaboration avec Giani Caserotto, joue sur la spatialisation du son et l’immersion du public.
Cette recherche sur le lien et la porosité entre disciplines se prolonge dans ses projets personnels. Avec FAME (2021), sa première création solo, Julia Robert décloisonne les genres, hybridant danse, théâtre et musique dans une perspective transdisciplinaire où s’estompent les frontières entre les arts. Cette création interroge la notion de célébrité, son rapport avec le corps féminin et ses assignations genrées, et plus précisément l’être. EXIT, duo formé en 2021 avec le percussionniste et beatboxer Charles Robert, explore les résonances entre leurs univers respectifs, cherchant une matière sonore commune entre textures acoustiques et sonorités électroniques, puissance du drone et hypnotisme de la techno. EXIT prépare actuellement une nouvelle création faisant dialoguer leur musique minimaliste à consonance pop avec des expérimentations sonores ancestrales : cet anti-opéra appuyé sur des récits personnels fait résonner musique, défilé et performance, tissant une révolution intérieure.
Ma démarche artistique est celle d’adresser une musique qui se veut proche, sincère et expérimentale, tout cela à la fois. Celle-ci me conduit à réfléchir au lien à construire avec l’Autre, à la fois au sein de mes projets de création - qualités des échanges avec mes collaborateur.ice.s (artistiques, administratifs), avec le(s) public(s) et également dans le quotidien du travail de ma compagnie, et sur tous les volets que cela embrasse. Mon équipe et moi-même mettons au centre de notre travail :
• le care : en nous attachant notamment à définir du mieux possible les places et rôles de chacun.e.s pour le bien-être de tous.tes et le bon déroulement des projets, en mettant en place une charte de la compagnie (nos valeurs) pour les membres, les collaborateur.ice.s artistiques et les structures accueillantes, en incluant une clause dans les contrats engageant chacun.e.s au respect de celle-ci et également en valorisant la lutte contre les V.H.S.S. (formations, information, sensibilisation).
• les enjeux écologiques, à la fois sur la stratégie à adopter concernant les moyens de transports en tournée (privilégier plusieurs dates sur un même territoire, voyager en train plutôt qu’en avion) et aussi au niveau des matériaux utilisés sur scène.
• le tissage de liens avec tous les territoires où nous jouons : ne pas juste passer ou jouer un spectacle, mais préparer notre venue (en arrivant si possible en amont, être sur place, se donner l’occasion de la rencontre spontanée mais aussi en menant des actions de médiation culturelle pour aller à la rencontre du public, en organisant des bords-plateau) et avec des concerts in situ en s’adaptant au lieu transformant alors les contraintes imposées par certains d’entre-eux (lieu non dédié ou inattendu, extérieur, abbaye, jardin…) en une vraie force au service du spectacle.
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Julia Robert.
Ses origines mapuche et son attachement aux chants traditionnels nourrissent alètheia (2023), solo qui laisse émerger les ÜL, chants de transmission et de guérison, où l’amour, la résistance et l’attachement à la terre se mêlent à son propre souffle. La viole d’amour augmentée est ici une matière sonore traçant, à nouveau, des liens entre musique, mémoire et héritage, passé et présent. Enregistrée et mixée par Benjamin Maumus (GMEA), cette œuvre a donné lieu à une tournée au Chili en 2024. Sa continuité naturelle s’incarne aujourd’hui dans MAPIUKE, un projet en cours d’écriture associant des musicien.ne.s mapuche et européen.ne.s, au croisement des musiques traditionnelles et des musiques expérimentales.
Parallèlement, elle co-fonde un nouveau quatuor en compagnie de Martine Altenburger (violoncelle), Clara Levy (violon) et Aïsha Orazbayeva (violon). Porté par un désir commun d’explorer des œuvres qui privilégient une écriture sobre et précise, un déploiement sur la durée et une écoute immersive, l’ensemble élabore plusieurs programmes en gestation, dont une interprétation du Deuxième Quatuor de Morton Feldman, fresque sonore de plus de cinq heures.
Julia Robert est par ailleurs l’autrice de plusieurs projets de composition. Elle écrit et joue la bande originale de la pièce Ce qui demeure d’Élise Chatauret, créée en 2016 et reprise au Festival d’Avignon en 2018. Elle réalise également la création sonore de daté.e.s, projet du chorégraphe et performeur Pol Pi (2020), en montant des bandes au Revox A77, ainsi que celle de Cruches (2026), pièce d’Alix Sulmont et Ambre Arthur Meritan (Compagnie Formosae).
Le travail de Julia Robert se déploie aussi sous la forme d’enregistrements : en 2017, elle enregistre avec Garth Knox le disque Léonard, paru chez Tzadik. Son solo mañke est enregistré en 2020 à Ici l’Onde, déployant une musique industrielle et radieuse, à l’approche organique.